Tribune à destination de la Ville de St-Herblain suite à l’assassinat de Samuel PATY

Votre silence est assourdissant.

« Aucun rassemblement en l’hommage de Samuel PATY n’est prévu par la ville de Saint-Herblain » : voilà la réponse reçue cet après-midi par une de nos élues qui posait la question en ce jour d’hommage national. Et d’ajouter à notre demande : « Il est trop tôt pour envisager une minute de silence lors du prochain conseil municipal ».

Certains silences font trop de bruit pour que l’on se taise.

Nous sommes élus, nous sommes républicains ; c’est un professeur qui a été décapité dans l’exercice de ses fonctions, alors qu’il enseignait la liberté d’expression dans le strict respect des programmes républicains de l’Education Nationale. Et c’est la négation de l’existence de la laïcité qui a conduit à cet assassinat. C’est donc pour cette raison, et uniquement pour celle-ci, que l’hommage rendu à Samuel PATY était un devoir, notre devoir. Mais rien. Silence total.

Quand nos valeurs et nos libertés sont maltraitées, il n’y a d’autre choix que le courage politique au niveau national ET local. Comme le dit l’ancien Premier Ministre Bernard CAZENEUVE dans le Figaro du 19 octobre « la République s’affaisse parce que, sur ses principes, certains ont la main qui tremble, [que les élus] s’arrangent avec les salafistes dans les quartiers (…). On crée les conditions d’une tension extrême, d’une stratégie de confrontation à l’intérieur de la République ». Tout comme nous pensons que le discours culpabilisant « pas d’amalgame, pas de stigmatisation » contribue à cette guerre qui nous est déclarée.

Mais une chose est sûre : le courage commence déjà par une affirmation affichée et assumée de notre combat républicain sans faille, sans condition contre cet obscurantisme. Le temps n’est plus au diagnostic. Pour reprendre Haïm KORSIA Grand Rabbin de France dans une de ses tribunes, « nous nommons enfin clairement l’ennemi à combattre, nous osons enfin affirmer nos valeurs sans chercher des compromis qui tombent toujours dans des compromissions et nous lançons enfin des opérations et de véritables sanctions qui donnent du poids à la parole de l’Etat. (…) Or, malgré les mots fermes des autorités pour dénoncer ces actes et rappeler la force du pacte républicain, l’indifférence de beaucoup perdure.» Voilà pour nous ce que signifie ce silence.

Nous affirmons donc ici haut et fort que cette lâcheté nous fait frissonner car elle contribue à cette montée de haine. Alors à cette gauche qui évite l’hommage pour ne pas avoir à prendre parti, à celle qui tient un discours d’hommage sans prononcer le mot islamisme de peur de tuer la paix sociale, nous voulons lui dire que la liberté d’expression ne se brade pas, qu’elle n’est pas conditionnée et que défendre les valeurs de la laïcité n’est pas une option mais un devoir républicain.

Votre silence est assourdissant.

Le 22 octobre 2020